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Emmanuel Bolzoms

 

Présentation

Emmanuel Bolzoms nous ouvre les portes d’un envoûtant cabinet de curiosités. Ici, le curieux n’est pas seulement un collectionneur de la bizarrerie, il y cherche des correspondances pour surprendre les différents aspects de l’animalité depuis le processus de la création. Tout naturellement le mythe s’impose alors à la fois éclairant et grandiose et la complexité de l’être est explorée à travers les portraits impitoyables des grandes figures mythologiques : on trouve la bestialité dans la métamorphose du tyran Lycaon, la perversité dans la posture faussement soumise du sphinx, la bêtise chez un Midas encravaté à l’air bonasse.
Pour ce peintre qui exècre la médiocrité, le mythe traité avec profondeur et austérité tend à élever l’art vers le sublime. Une telle audace pourrait faire sourire aujourd’hui, mais sa peinture est résolument atypique. Son style n’est ni pompier ni grandiloquent, au sublime se mêle toujours la dérision, à la cruauté, le grotesque, au beau, le laid. Sa peinture est extravagante et baroque.
Une pluralité de personnages d’ailleurs hantent le peintre et viennent compléter sa galerie de portraits : Dougy, l’enfant au regard d’adulte, les Goumies, sortent d’enfants fœtus malicieux, les hommes calamars visqueux et lubriques constituent entre autres une singulière mythologie personnelle. Aucune liste ne peut être exhaustive et les personnages réapparaissent ou s’inventent au gré des règles d’un jeu raconté au fur et à mesure par un enfant cruel et extralucide.
La curiosité et une sourde subversion sont motrices dans ces tableaux aux situations et personnages décalés. La cruauté est expérimentale et le spectateur s’étonne du comportement des sujets cobayes : les corps mous et résignés de petits êtres prêts à se faire croquer, le regard désespéré d’une tête de bœuf sur un tas de barbaque, les yeux fous d’un mâtin vorace. La causticité et la dérision sont aussi maîtresses dans cette œuvre où le poseur est mis à mal. Quatre hommes fort sérieux encerclant un jouet coloré et moqueur suggèrent le fiasco d’un mécénat d’universitaires, un homme triste est emporté par son nez phallique. L’avidité, la détresse, la naïveté, le sérieux, tous les sujets morts ou vifs sont animés de sentiments immortalisés.
L’art bolzomien est vivant et curieux, c’est un hymne à la vie dans ce qu’elle a de plus complexe et mouvementé. Peut-être devrais-je dire l’art bolzomique, l’adjectif étant mieux choisi pour parler d’une œuvre qui à le retentissement d’une explosion.

Camille Delpech