Voyage en Orient
J’avoue avoir toujours éprouvé une certaine gêne devant les œuvres du courant “orientaliste “ nées au 19ème siècle, fussent elles les plus belles. Le pittoresque et l’anecdote prenant souvent le pas sur le réel. On y découvre seulement un «Orient crée par l’Occident».
L’œuvre de Slimane est tout autre, c’est un journal intime qu’il nous livre. Un Orient de l’intérieur, poétique, truculent et narquois alimenté par sa mémoire et d’où sourd parfois la conscience du tragique du quotidien dans un pays déchiré.
“Si je ne vivais pas en exil sans doute serais-je un peintre abstrait” avoue t’il, mais il a emporté sa terre natale avec lui. Sa matière sablonneuse a des rugosités qui rappellent les façades du bled, il gratte, griffe et y cisèle d’un trait fin et tendre les signes du quotidien.
La femme y est toujours présente voilée ou dévoilée dans des intérieurs a peine suggérés par quelques éléments. La mise en perspective ne se joue pas pour lui dans l’espace mais dans le temps.
De Slimane Jean Daniel dit à juste titre, qu’il “choisit de rappeler tantôt un Chagall berbère, et tantôt un Klee kabyle”. La référence à Chagall apparaît de fait, celle à Klee, Slimane la revendique : “c’est un peintre qui m’a beaucoup influencé, avec ses dessins, sa manière de styliser, jusqu’aux chameaux... et puis il a lui même découvert, pour ainsi dire, la lumière en Tunisie.”
Odile Oms
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