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Serge Bonacase

 

L'essence de la vie

Par l’étude des animaux, de la danse, il tentait de transposer sur la toile l’expression du mouvement.
A partir de 1951 il ressent de plus en plus l’insuffisance de l’expression et recherche un rapport à la réalité sensible dans une liaison qui dépasse la simple figuration.
Profondément cultivé, passionné de philosophie et des sciences; il est persuadé qu’elles marchent de pair avec la peinture.

« On découvre dans la matière comme dans le monde vivant, certains rythmes périodiques dans lesquels tout existe à l’état de vibrations, d’oscillations et de pulsions. On peut observer ces schémas rythmiques dans les battements du cœur, la circulation du sang, les mouvements respiratoires ainsi que dans les mouvements des océans, les ondes sonores et les vibrations supersoniques.
Les vibrations de la vie s’étendent du système solaire, des galaxies au monde infinitésimal de l’atome des structures nucléaires et biologiques.
L’art et les sciences ont des ressemblances qui n’ont rien de fortuit mais dont la grande majorité du public n’a nullement conscience. Je voudrais avec la vision de l’artiste, témoigner des expériences menées par différents savants sur les phénomènes que dévoile la “Cymatique“. »

Ce sont alors ces pures vibrations, l’essence même de la vie qu’il cherchera à saisir. Jaillissements, explosions, déchirent ses toiles, le mot qui arrive aux lèvres lorsqu’on les contemple est“ fulgurance ”. C’est aussi ce mot que l’on peut employer lorsque l’on considère sa vie, intransigeant, refusant toutes concessions à la facilité; il a marqué profondément tous ceux qui l’on rencontré.

Un peintre dans son temps

Ce qui est remarquable dans le parcours de Serge Bonacase c’est qu’il produit, prés de Wols et Mathieu, une œuvre contemporaine au courant majeur de son époque.

«... avec l’abstraction lyrique rien ne pré-existe. Le peintre inaugure à chacun de ses gestes.
Alors que de tout temps une chose étant donné un signe était inventé pour elle, c’est l’inverse qui se passe. Le signe pré-existe à sa signification et devient viable par l’incarnation à posteriori.
L’œuvre d’art passant de la « réduction du cosmos à l’homme » à l’ouverture sur ce cosmos; nous découvrant cette aventure fabuleuse qu’est la révélation de tous les possibles. Les caractéristiques de cet art se résument à la suppression de trois références : la référence à la nature, la référence à un modèle, la référence à une esthétique antérieure - ce qui implique ; l’improvisation totale des formes et des gestes, l’apparition d’une vitesse d’exécution inconnue en Occident, nécessité d’une concentration qui n’a rien à voir avec l’inspiration des Grecs. »
«...la peinture c’est un vouloir ce n’est plus un faire. »

Avec des accents nietzschéens Mathieu parle d’une table rase devant laquelle « ... nous avons une tâche prométhéenne de tout ré-inventer, de tout refaire, de tout reconstruire... Aventure fabuleuse ; cette révolte s’accompagne d’une plongée dans le subjectivisme le plus solitaire, le plus passionné et parfois le plus désespéré... »

Cette doctrine picturale se présente comme une métaphysique du vide, du risque, du détachement, allant plus loin qu’une métaphysique de la liberté et aussi comme une « morale » créant des valeurs nouvelles fondées sur le futur .

Rejoignant le mas et la terre catalane de ses origines, Serge Bonacase mettait en péril toute sa carrière. Certes il rompait avec toutes ses relations parisiennes mais il les devançait aussi en annonçant le retour à la nature du mouvement alternatif de ceux qui ont fait 68.

Il offrait ainsi aux céretans ébahis, une figure d’une puissance intellectuelle et picturale décalée parce que bien trop en avance. Son souvenir nourrira encore longtemps la force des jeunes créateurs qui ont eu la chance de le connaître. Le modèle du peintre démiurge, engagé vers l’idéal de la « peinture » tel un chevalier, leur fera paraître bien pâle l’ engagement « révolutionnaire » des peintres fonctionnaires des années 70.

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