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Pinchus Krémègne

 

Krémègne (1890-1981)

Tenté à ses débuts par le « rayonnisme », représenté essentiellement par le peintre Larionov, il poursuit rapidement une évolution toute personnelle.

Il visite les galerie parisiennes dès son arrivée en 1913, sa palette s'enrichie de l'influence des fauves et ses composition se renforcent sous l'influence des œuvres de Cézanne.

Mais la couleur ne lui suffit pas, d'autant qu'il en maîtrise rapidement l'usage violent. Krémègne fait se côtoyer les tons maintenus en harmonie, chacun gardant sa résonance propre tout comme les notes qui composent un morceau de musique. Le sujet apparaît, vibrant des touches qui le composent et de la pâte qui le façonne.

Un des fils conducteur de son œuvre, c'est bien évidemment cette pâte, cette matière qui anime ses toiles, riche et puissante elle donne corps et vie au sujet. Comme une peau qui respire qu'il accroche à ses toiles.

Pour Krémègne le sujet importe peu, il n'est que le prétexte du face à face du peintre et de la réalité, discret et secret, il n'adhérera à aucun courant aucun mouvement, et poursuivra un chemin solitaire. Sa réalité, celle qu'il entrevoit, il ne cessera de la poursuivre avec ténacité.

Fouillant sans cesse le même chemin pour atteindre la vérité des choses, Krémègne était bien davantage qu'on ne l'a dit, un contemplatif qui élevait chacun des ses objets, paysages ou personnages, à une dimension spirituelle. Eugène Dabit l'avait révélé lorsqu'il attribuait au peintre « un sens grave, ferme, presque religieux de la vie ».

« À suivre l'évolution de la peinture de Krémègne, nous constaterons peut-être des variantes et des périodes, mais elle reste fidèle à elle même. C'est à dire qu'elle évolue en suivant un chemin identique et continu. Les écarts sont des variantes, mais qui ne correspondent pas à un autre langage. »

C'est en 1960 quand il s'installe enfin définitivement à Céret, que va naître ce qui est sa dernière période. Ses œuvres sont alors marquées par une exubérance et une énergie renouvelée, Krémègne y fait preuve de la plus grande liberté.

Krémègne dit alors avec raison qu'il à enfin découvert sa liberté d'expression. Compagnon de la première école de paris, il rejoint le deuxième mouvement en donnant jusqu'à la fin de sa vie des œuvres résolument contemporaines.

Krémègne l'énigmatique (extrait)

La fréquentation répétée de Pinchus Krémègne m'avait conduit à une conclusion très personnelle, dont je ne me sentais pas contraint de vérifier l'exactitude auprès de lui : enfant, j'ai longtemps cru que Céret n'existait pas.

Cela ne tenait pas seulement à ma connaissance plus que limitée de la géographie, mais à la façon qu'avait Krémègne de ne pas en parler ou de l'évoquer à demi-mots, entre les lignes, à sa façon aussi d'y aller et d'en revenir - comme si cette petite ville de l'extrême sud de la France, qu'il avait découverte en 1918 et dont la beauté changeante l'avait d'un coup conquis, ressemblait à la cité de Christminster, celle qui fascinait tant le jeune Jude dans le roman de Thomas Hardy.

Lorsqu'il parlait de Christminster, Jude aimait évoquer une véritable « cité de lumière... ».

Eh bien, Krémègne, lui, rapportait de Céret des paysages qui ne ressemblaient à aucun de ceux que j'avais vus moi même, ni de mes propres yeux ni sur d'autres toiles, les paysages d'un monde qui faisait écho à l'invitation au voyage de Baudelaire que je lisais ces mêmes années. Un monde où « la vie était douce à respirer ; ou le désordre, la turbulence et l'imprévu étaient exclus ; ou le bonheur était marié au silence ». Un monde « singulier, supérieur aux autres », où la Nature était « réformée par le rêve, corrigée, embellie, refondue ».

Dans les conversations, j'avais entendu d'autres noms associés à celui de Céret. Mais l'évocation même de Picasso ou de Matisse, qui avaient précédé Krémègne en ce lieu, ne leur conféraient aucune préséance. Il faut dire que j'avais aussi, et plusieurs fois, entendu ce petit homme à l'apparence tranquille, jugé par ses pairs comme l'un des plus grands peintres de son temps.

Gérard Miller

Krémègne / Soutine / Céret

Soutine détesta son séjour à Céret. Krémègne y revint souvent et s'y installa définitivement en 1960, il y travailla jusqu'à sa mort qui survint en avril 1981.

Soutine / Krémègne, on a voulu opposer et comparer ces deux hommes et leur peinture.

La similitude de leurs origines, juifs de Lituanie, leur amitié profonde qui débuta à Vilna et se poursuivit à la Ruche à Paris, ou Soutine rejoignit Krémègne dès 1913 ; la passion commune de la peinture qui leur avait fait traverser l'Europe et leur faisait accepter toutes les privations, tout les réunissait.

Nous sommes séduits par la violence exaltée et presque démente que projettent les œuvres de Soutine. Soutine tord et torture ses motifs, paysages ou personnages.

Krémègne était lui, un homme secret et silencieux. Bien qu'ayant à Paris dès 1916 rencontré les plus grands marchands (Cheron, Paul Guillaume, Léopold Zborowski) il n'était pas homme à se laisser griser par le succès et il préféra toujours le silence et la solitude de son atelier.

Cette attitude de solitaire ne facilita pas sa reconnaissance, la guerre qui arriva non plus.

Mais aujourd'hui avec le recul et devant la force de l'ensemble de son œuvre, Krémègne retrouve sa place auprès des plus grands. « L'humble et colossal Krémègne » disait de lui Georges Waldemar.

Il fut un homme « habité » par la peinture. Chacune de ses œuvres nous invite à pénétrer au cœur même des choses, qu'il s'agisse de paysages ou de natures mortes.

Il n'aimait pas parler de peinture. Il disait : « regardez ».
Et si votre œil s'attarde, vous êtes vite happé par la lumière, toujours douce, faite pourtant de tensions et de violences contenues. Vous pénétrez alors dans un espace ou l'air est vibrant ou les objets eux mêmes palpitent. La vie sourd à chaque touche.

Krémègne a éclairé son œuvre de sa propre lumière intérieure. Il tente de percer le secret de la vie loin des modes et des courants et il y parvient avec... sérénité.

Odile Oms

   

« Fouillant sans cesse le même chemin pour atteindre la vérité des choses, Krémègne était bien davantage qu'on ne l'a dit, un contemplatif qui élevait chacun des ses objets, paysages ou personnages, à une dimension spirituelle. »

« Enfant, j'ai longtemps cru que Céret n'existait pas. »

Gérard Miller

« Pour Krémègne le sujet importe peu, il n'est que le prétexte du face à face du peintre et de la réalité. »