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Jacques Villeglé

 

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« La lacération représente pour moi ce geste primaire, c’est une guérilla des images et des signes. D’un geste rageur, le passant anonyme détourne le message et ouvre un nouvel espace de liberté. Pour moi, les affiches lacérées rapprochaient l’art de la vie et annonçaient la fin de la peinture de transposition… » (Jacques Villeglé)

Jacques Villeglé

Jacques Villeglé

Jacques Villeglé est un artiste français majeur de l'art d'aujourd'hui, âgé de 82 ans, qui dès 1949, a développé par la récupération et l'usage presque exclusif d'un matériau unique - celui des affiches lacérées trouvées au hasard de ses promenades urbaines - une œuvre unique, foisonnante et d'une totale richesse formelle.

Jacques Villeglé ne se revendique pas comme le concepteur d'un nouveau «ready-made» à la manière de Duchamp pour promouvoir l'objet trouvé ou récupéré, en l'occurrence, les affiches, au rang d'œuvre d'art. Il est un flâneur, qui au fil même de ses promenades et dérives dans les rue de la ville, prélève sur les panneaux publics les restes d'affiches déchirées qui l'interessent d'un point de vue esthétique. Il n'agit que trés peu sur les affiches qu'il trouve, en dehors du collage qu'il en fait sur des toiles. Sa démarche n'est pas de rajouter une composition ou de la couleur à l'affiche marouflée, mais de découvrir dans la superposition des épaisseurs de papier lacérés, la beauté d'une forme, d'une couleur, d'une épaisseur de déchirures, celle d'une tache faite par une main anonyme, d'un graffiti, d'une écriture parfois, pour laisser apparaître l'aspect sauvage et spontané en soi de la vie civilisée et urbaine, riche dans sa sauvagerie, de figures de beautés vierges et uniques..

A ce titre, le travail de Jacques Villeglé se veut être le témoignage de la rude réalité de l'illusion urbaine de la vie qui fuit et s'exprime sur ses murs, à certains emplacements choisis de ses rues et de ses ruelles. C'est le cours de l'histoire en son déroulement et en son épaisseur qu'il récupère au travers ses rouleaux de papier décollés des palissades, comme un effet des expressions de la survie humaine plutôt que de l'art.
Il nous montre combien notre monde est conditionné par un environnement visuel quotidien, et totalement idéologisé. L'objet et le but de Jacques Villeglé est de donner à notre mémoire, matière à revenir sur elle -même, à refaire le temps, à reconsidérer sans concession le temps perdu de façon critique, ludique sans doute, mais aussi avec la lucidité et l'intransigeance d'une réelle conscience de soi et du monde tel qu'il va.

Jacques Villeglé étudie la peinture et le dessin à l'école des Beaux-Arts de Rennes où il fait la connaissance de Raymond Hains en 1945, qui restera son ami de toujours. Il travaille quelque temps chez un architecte, où il se familiarise avec les questions d'urbanisme et d'espace public, puis part à l'école des Beaux-Arts de Nantes en 1947 pour faire des études d'architecture. Il aime collecter sur les plages de Saint Malo, les bois flottés, les morceaux de métaux rongés par le sel marin, les objets de diverses natures rejetés par les flots et réalise même des petites sculptures à partir des débris récupérés du mur de l’Atlantique.

A partir de décembre 1949, il s'intéresse aux effets de couleurs, à la matière constituée par les épaisseurs de papier et aux formes laissées par des mains anonymes et noctambules et aux affiches déchirées et jetées au sol par des gestes vengeurs. Il se définit alors par antinomie comme un "affichiste" et déclare la "guerre des signes", les affiches représentant pour lui l'expression d'une culture monolithique de plus en plus envahissante.

« Le prélèvement, dit-il, est le parallèle du cadrage du photographe », et il se veut comme un simple collecteur de fragments d'affiches qu'il choisit et signe. Mais le véritable artiste est selon lui, celui qui a su déchirer et délaisser à un moment choisi l'ensemble en l'état de lambeaux.

En février 1954, Jacques Villeglé fait la rencontre du poète lettriste François Dufrêne, lui-même intéressé par le domaine des affiches lacérées, dont il recherche l'esthétique de l'envers ou du dessous.
En 1958, Villeglé rédige une mise au point sur l'intérêt des affiches lacérées intitulée "Des Réalités Collectives", préfigurant le "Manifeste du Nouveau Réalisme".
Il réalise en 1959, puis en 1960 ses premières expositions personnelles. Après sa rencontre avec Yves Klein puis Pierre Restany et Jean Tinguely, et leur participation commune à la première Biennale de Paris, il décide avec eux de constituer le groupe des Nouveaux Réalistes.

Avec son ami Raymond Hains, Jacques Villeglé s’approprie les affiches des panneaux publicitaires et des murs par les effets esthétiques que les déchirures abstraites lui procurent, tout en inscrivant son travail de récupération dans une démarche de contestation politique.
Il se plaît au détournement de la publicité pour les marques, pour la presse, mais également aux expérimentations lettristes de Raymond Hains. Se voulant être le releveur de traces de la civilisation présente, plus particulièrement lorsqu'elles sont anonymes, Villeglé imagine à partir de 1969 un « alphabet socio-politique » en hommage à Serge Tchakhotine, auteur en 1939 d'un essai intitulé "Le Viol des foules par la propagande."

Le monde des arts

   

« « Jacques Villeglé est de ceux pour qui le monde de la rue est un tableau permanent. » »

Pierre Restany