Surgissement d'abstractions

Trente années de recherche et de peinture comme trente années de retraite spirituelle. Loin des rumeurs du monde de l'art, du chant des modes, des coups d'éclats, Danielle Busquet explore sa vie intérieure, ses souvenirs et ses émotions. Il parraît impossible de dissocier sa peinture d'une pensée plastique en perpétuel mouvement, comme il semble impossible de ne pas parler d' écriture, d'une organisation de signes, même aléatoire.
L'artiste organise-t-elle un désordre ou désorganise-t-elle l'ordre ? Ses abstractions surgissent de la toile blanche, parfois chargées de couleurs, parfois sous de simples traits. Elle institue un double jeu entre l'espace de la toile et ceux qu'elle circonscrit. Et que nous révèle-t-elle ? L'inconnue d'une équation insoluble sur le jaillissement d'une esthétique non désirée, mais implacablement renaissante.
Danielle Busquet ne cherche pas un motif ou un sujet, elle se cherche elle-Même, laissant à la main, au geste, le soin de construire la forme première qui va engendrer l'œuvre. Une petite croix, un cercle, une bande de couleur qui vont, par multiplication, répétition , se ramifier et créer une chaine infinie, ainsi que le filament d'une ADN mystérieuse. L'artiste y exprime les sensations laissées par la roche dure du Cap Creus, le cotonneux des nuages, la beauté des paysages enfouis dans sa mémoire. C'est à la fois géométrique et organique. L'aléatoire du geste côtoie la rigueur de la pensée. Et comme par enchantement, la part sensible vibre doucement, poésie murmurée.

J-M. Collet - L'indépendant 02/02/07