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BKB - Brigitte Kühlewind Brennenstuhl

 

Une tranche d'humanité

Une œuvre d'art se suffit à elle même, elle parle au regard ou ne parle pas. Les mots dont on la pare aprés coup n'y changeront rien, ils n'ont pas le pouvoir magique de métamorphoser une œuvre ratée en un chef-d'œuvre réussi.
Elle suspend le temps, éveille une sensibilité dans l'immédiateté d'une rencontre visuelle où se révèle une intention de dire.
Les portraits de Brigitte Külhewind-Brennenstuhl esquissent en quelques traits dépouillés à la plume ou au pinceau un visage, une silhouette ou se condense l'essentiel d'un être, d'un homme ou d'une femme.
Fruit d'une intimité librement consentie, l'Autre se donne sans fard dans la nudité de son corps anguleux, modelé dans une posture marquée du sceau de l'apparente banalité singulière.
A ces tranches d'humanité dévoilée répond un fond de folie qui sommeille en chacun de nous. Giovanni, ce fou de Zurich obsédé par le corps de ces femmes à jamais inaccessibles est croqué dans un style primaire et régressif empruntant ses lignes au dessin d'enfant.
Les peintures inspirées d'une musique, d'un livre ou puisées au creuset d'un rêve, appartiennent à un genre à part. Plus décoratif peut-être à l'instar d'une affiche comme pour cette peinture intitulée Charly Mariano. Mais les préoccupations existentielles de l'artiste ressurgissent sous la forme de deux peintures tirées d'un vécu, d'une expérience personnelle. la ronde des femmes sous la neige dans la cour de prison de Prenzlau, mais plus encore ce temps mort qui n'en finit pas de mourrir avec ces silhouettes surmontées d'une tête blanche disent l'isolement et la solitude dans un espace clos. Des petits groupes, des corps juxtaposés sur un banc dans une ambiance glacée de bleu et de hachures comme un vide qui au delà des murs renvoie à notre propre enfermement.
Ni révolutionnaire, ni bien pensant, le travail de Brigitte Külhewind-Brennenstuhl nous invite à un retour sur soi, à un changement de perspective, à un questionnement sur notre quotidien dont on ne perçoit plus l'étrangeté, la richesse et l'importance. Une pause donc,histoire de se ressourcer, de revenir à l'essentiel.

Ludovic Pizano - "Ici" Mars 1995

La neige en confiance

Quand on découvre pour la première fois le travail de Brigitte Kühlewind Brennenstuhl (il semble admis de l’appeler BKB…), on peut avoir l’impression d’être dans le domaine de l’abstraction.

On n’en est pas loin, mais bien vite pourtant, on se rend compte qu’il ne s’agit pas de cela.
Cette peinture là est bien une peinture "qui raconte des histoires". Plutôt bavarde, même.
Une foule d’histoires qu’on devine du domaine de l’intime. L’intimité de l’artiste, faite d’une multitude d’histoires qui sont son histoire, une histoire avec des épisodes pas ordinaires.
Qu’il s’agisse de sa vie familiale, sentimentale, politique ou professionnelle.

Une vie particulièrement riche en évènements, pas toujours heureux, pas toujours tragiques, parfois assez exceptionnels, parfois plutôt communs, presque banaux. Mais qui, pareillement, la construisent, et construisent sa peinture.

Alors, sa peinture est naturellement émaillée de "souvenirs" de ce vécu, des signes/signatures dont on ne saurait à priori déceler ce qu’ils peuvent signifier. Comme par exemple ces boutons utilisés de manière récurrente, qui nous laissent supputer les plus invraisemblables histoires de mercerie.

Cela est déjà, aussi, dans les supports : feuilles arrachées d’un livret de partitions musicales ou d’ouvrages d’économie politique, page de quotidiens ("Le Monde" notamment)…

On ne sait pas toujours bien de quoi il s’agit ? Et alors ? Alors, étrangement on a aussi comme l’impression que c’est aussi nous-mêmes que racontent ces peintures tant elles nous touchent directement.

Et puis on peut se recentrer sur l’aspect plus formel du travail de BKB. Et là, c’est bien différent ; on est dans le dépouillement, l’économie de moyens et l’absence de tout artifice. Quelque chose de cru, de rugueux, de direct, presque abrupt. Du « brut de cuve » comme diraient les œnologues. Et cette force, pas si "tranquille"…, qui en transpire. Tout cela dans une palette réduite aux couleurs "tragiques", aussi les couleurs de la révolte : le noir, surtout, et le rouge. Le blanc aussi, quand même. Le noir du cirage, le rouge des têtes d’allumettes, le blanc du dentifrice : les seules couleurs dont elle disposait durant son internement.

Galerie du Tenydor, Collioure