C’est sur les conseils du marchand Léopold Zborowski que Soutine rejoignit Krémègne en 1919 à Céret. Ils y travaillèrent ensemble une longue période. Soutine détesta son séjour à Céret. Krémègne y revint souvent et s’y installa définitivement en 1960,il y travailla jusqu’à sa mort qui survint en avril 1981.
Soutine-Krémègne, on a voulu opposer et comparer ces deux hommes et leur peinture. La similitude de leurs origines, juifs de Lithuanie, leur amitié profonde qui débuta à Vilna et se poursuivit à la Ruche à Paris, ou Soutine rejoignit Krémègne dés 1913; la passion commune de la peinture qui leur avait fait traverser l’ Europe et leur faisait accepter toutes les privations, tout les réunissait.
Nous sommes séduits par la violence exaltée et presque démente que projettent les œuvres de Soutine. Soutine tord et torture ses motifs, paysages ou personnages. Krémègne était lui, un homme secret et silencieux. Bien qu’ayant à Paris dés 1916 rencontré les plus grands marchands (Cheron, Paul Guillaume, Léopold Zborowski) il n’était pas homme à se laisser griser par le succès et il préféra toujours le silence et la solitude de son atelier. Cette attitude de solitaire ne facilita pas sa reconnaissance, la guerre qui arriva non plus.
Mais aujourd’hui avec le recul et devant la force de l’ensemble de son œuvre, Krémègne retrouve sa place auprès des plus grands. “L’humble et colossal Krémègne”disait de lui Georges Waldemar. Il fut un homme “habité” par la peinture. Chacune de ses œuvres nous invite à pénétrer au cœur même des choses, qu’il s’agisse de paysages ou de natures mortes.
Pour Krémègne le sujet importe peu, il n’est que le prétexte du face à face du peintre et de la réalité. Il n’aimait pas parler de peinture, Il disait: “ Regardez!”. Et si votre œil s’attarde, vous êtes vite happé par la lumière, toujours douce, faite pourtant de tensions et de violences contenues.Vous pénétrez alors dans un espace ou l’air est vibrant ou les objets eux mêmes palpitent. La vie sourd à chaque touche.
Krémègne a éclairé son œuvre de sa propre lumière intérieure. Il tente de percer le secret de la vie loin des modes et des courants et il y parvient...avec sérénité.
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