Les deux premières lettres de son nom (Ch) sont la marque de Chronos, son protecteur tutélaire, l’allié favorable à la sculpture du Temps. Il sait entendre et lire les stigmates de la nature qui tracent la moitié du chemin de l’œuvre dont il va s’emparer ; à l’instar de Picasso, il sait qu‘ « il faut bousiller la réalité ».
Le mythe traverse le Temps. Pour raconter son histoire, il recueille des forces naturelles qui traduisent une vérité en devenir ; partagée depuis l’origine. La légende affleure. Elle passe de manière aérienne, le léger ne s’oppose plus au sérieux.
Aujourd’hui il transgresse sa longue intelligence naturaliste en ajoutant des débris de plastique à ses vieux matériaux biodégradables. Blasphème ou contre-pied risqué des critiques élogieuses devenues pour lui trop convenues. Cueillis sur la plage ces rogatons colorés ne possèdent aucune « noblesse culturelle ». Sa maitrise du geste et la délicatesse de son talent les sublime en pépites et cristaux précieux. Ce sont les « témoins oculaires » d’un temps qui ne passe plus.
Une esthétique qui questionne, un langage qui se renverse et c’est l’apesanteur totale. Notre funambule de la rhétorique nous conte en souriant cette poésie d’ Eluard :
(...)Et le nuage le plus vague La parole la plus banale L’objet perdu
Force les à battre des ailes Rends-les semblables à ton cœur Fais leur servir la vie entière.
Extrait de «Si tu aimes» Paul Eluard