Julien Descossy vit à Montpellier.
Le jour, sa haute silhouette se promène dans la ville, telle un chat dans son univers domestique :
sensible au jeu de lumière qu’anime, sur le pavé, l’ombre d’un feuillage ; surpris par un claquement
d’aile et le cliquetis d’un talon aiguille.
La nuit, quand le serpent électrique chasse le marchand de sable, il bat du punk underground
pour un public médusé, ou affronte, sur les tapis, des boxeurs chinois.
Quand il ne fait ni jour, ni nuit, Julien peint.
La peinture est le temps suspendu, n’est-ce pas ? L’instant critique du quadrilatère,
dont l’horizon de matière se confronte à la verticalité du sens.
Dans l’atelier, entre chien et loup, l’éclat fugace d’une carpe glissant dans la profondeur
glauque d’un bassin me rappela l’éclair de Giorgione.
Une nuée de fleurs psychédéliques plongeait dans une iconographie mystique et l’envolée
d’un châle gitan.
Posant le regard sur les châssis appuyés contre le mur, je croisais celui des mannequins,
faux-semblant en bakélite. Ils regardaient, derrière mon épaule, les estuaires lointains s’ouvrant
sur des mégapoles fantomatiques.
Il n’y a plus de Terra Incognita, pensais-je alors, seulement des territoires explorés par les artistes.
Luc Castanié
|