Après avoir tenté avec élégance de dompter la peinture, il se laisse emporter par elle.
Après le noir qui éclairait la chair des trophées, puis le rose acidulé des «Goumis», après les vanités, la peinture fait œuvre.
Il faut inventer un décor, une scène, peindre sur motif, ce qui encombre l’atelier est là.
Quelques figurines de hussards, deux ou trois bidons de gazoline, une vierge de plâtre.
Et les trois couleurs du bidon de dégrippant pour les gammes.
Il n’y a rien de plus sérieux qu’un enfant qui joue.
Il joue même parfois jusqu’à atteindre la peur et l’angoisse.
Le bien et le mal s’affrontent.
Mais voilà, la peinture s’en mêle, le théâtre des opérations se met en place, la grande explication de l’artiste se trame sur la toile.
Il peint des batailles barbares, des étendards et des chasubles, des dolmans chargés de brandebourgs, Saint Longin et sa lance, des gambas.
Pourtant, la puissance est ailleurs.
Puisée dans l’inconfort de l’atelier, face à lui-même et non plus à l’ennemi, habité par la force de cette peinture qui emporte tout dans son sillage.
Jean-Michel Collet - Mars 2015
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